Jean-Luc Monterosso, où êtes-vous ?

Mur après le décrochage de l’œuvre de Diane Ducruet

Jean-Luc Monterosso, où êtes-vous ?
Nous vous avons attendu hier soir, lors de notre vernissage L’intime comme illusion à la Galerie Catherine Houard. Nous avions besoin de vous, ou d’un représentant de la MEP. Nous avions besoin de soutien, d’aide et cependant, dans la tournée des vernissages que les responsables du Mois de la Photo font, vous nous avez oublié.es. Et pourtant, c’est bien ici que se jouait un des enjeux de l’intime, un des trois thèmes du festival dans le cadre duquel vous avez sélectionné notre projet.

Il y a un an, j’ai rassemblé six photographes pour travailler sur ce sujet, dont Diane Ducruet. Elle a un travail exigeant sur le thème de la famille, un des lieux de construction de l’intime, et son travail m’a semblé indispensable.
Mercredi soir, nous avons déposé nos travaux à la galerie qui avait reçu des lettres à l’attention de l’artiste, de la galeriste, de Françoise Paviot, curatrice de l’exposition, de Jean-Louis Pinte, délégué artistique en charge du thème à l’adresse de la MEP. Ces lettres, au nombre de sept, reprenaient un modèle émis par une personne et repris à l’identique par six autres. Elles demandaient le retrait du travail de Diane Ducruet. Les lettres étaient signées et un espace prévu pour les commentaires laissait libre cours aux peurs et fantasmes de leurs auteurs. On y trouvait les mots « hérésie », « inceste », « pédophilie »… litanie entendue ad nauseam lors de manifestations roses et bleues.
La propriétaire de la galerie était à New York et son assistante l’a logiquement prévenue. Lorsque nous sommes arrivé.es pour accrocher hier matin, le 30 octobre, celle-ci nous a annoncé que la galeriste était inquiète et ne voulait pas que Diane Ducruet accroche son travail. Décalage horaire, vernissage à 18 heures, stress, mail de Diane à Catherine Houard lui demandant de réexaminer la situation… Nous installons le superbe quadriptyque au cas où elle changerait d’avis. C’est à 16 heures que la galeriste a confirmé à son assistante sa décision, après vous avoir appelé et pris conseil auprès de vous. Diane Ducruet devait décrocher. Le mur est resté vide et le restera jusqu’au 8 novembre, date de la fin de l’exposition. Elle n’a toujours reçu aucun message de soutien de la MEP.

Que Catherine Houard, qui ne nous représente pas mais a accepté de nous prêter sa galerie, refuse d’y exposer une œuvre, c’est son choix. Mais que la MEP soutienne une telle décision pourrait laisser croire que vous ne soutenez pas les artistes qui sont dans votre catalogue et acceptez la censure vulgaire et répugnante de quelques personnes.
Vous savez ce que représente une année de travail pour un.e artiste : du temps, du travail, des doutes, des investissements financiers. Vous savez ce que représente une exposition pour un.e artiste : la confrontation avec un public et la possibilité de vendre et ainsi rembourser ses frais, rarement plus. C’est ça aussi la réalité des photographes !

Sept personnes ont décidé, sans connaître le travail, de le censurer et de refuser à Diane Ducruet d’exposer. Vous qui défendez les photographes, il est encore temps de le prouver en exposant l’œuvre censurée à la MEP, en bonne place, durant tout le Mois de la Photo, et en expliquant clairement pourquoi vous le faites. Nous sommes persuadé.es que vous avez à cœur de défendre la liberté d’expression et la liberté de travailler.
Nous publierons ici la suite que vous voudrez bien donner à cet épisode navrant. Vous avez nos coordonnées au secrétariat du Mois de la Photo.

Marie Docher

Mère Fille - Diane Ducruet - 2014 - Exposé 1 heure le 30 octobre 2014 puis décroché.
Mère Fille – Diane Ducruet – 2014 – Exposé durant une heure le 30 octobre 2014 puis décroché.

lettre

46 replies to “Jean-Luc Monterosso, où êtes-vous ?

  1. On se croit revenu aux heures sombres de l' »affaire Cousseau » qui avait vu, au début des années 2000, cet ancien directeur du CAPC de Bordeaux accusé de pédopornographie pour avoir présenté dans l’exposition « Présumés innocents », des oeuvres de grands noms de la photographie. Aujourd’hui encore, cette situation est inacceptable au regard du travail présenté par Diane Ducruet.

  2. Je suis choquée par cette décision et bien triste pour l artiste. Cette censure doit être réparée comme il se doit.
    Anne.

  3. C’est curieux cette manie de détruire ou de supprimer le travail d’un artiste, comme si ce fait non anodin suffisait à installer une sélection.. Naturelle ? L’expression d’un individu n’a pas à être approuvée ou contestée, il s’agit de comprendre ce qu’il fait. Puis viendra l’étape suivante qui consistera à aimer ou pas. Bref, c’est ce qui s’appelle dialoguer.

  4. Une société qui censure l’art et les artistes, c’est une dictature, c’est bon vous êtes près pour Marine.
    je suis affligé, j’ai envie de pleurer. Quand on se revendique directeur d’un événement culturel important, ou que l’on tient une galerie on se doit de soutenir ces artistes, on doit faire résistance. Vous rendez vous compte où en serai l’art si on avait réagit ainsi,. Il faut donner à cette oeuvre sa juste place et il faut réparer. Relevé la tête.
    Anne

    1. Avant de comprendre, serait-il possible que l’artiste (nous) explique le message qu’elle a voulu retranscrire ? Je crois qu’on ne peut pas tout (se) permettre sous le pretexte de « l’art ». N’est ce pas M. Dieudonné …

    1. L’artiste expliquera vraisemblablement son travail et je relaierai l’information ici. Je peux d’ores et déjà vous dire qu’elle traite d’une relation mère-fille comme il en existe beaucoup, qui est certes éloignée d’une imagerie pieuse et idéalisée rarement vécue. Les mots « pédophilie », « hérésie », et « incitation à l’inceste » ne pourraient en aucun cas décrire son travail.
      Cette œuvre devait être exposée au sous-sol d’une galerie privée et avait été sélectionnée par le Mois de la Photo 2014. Qu’elle vous semble regardable ou pas relève de votre opinion et doit être considérée en tant que telle : une opinion. Rien ni personne ne vous oblige à la regarder puisqu’elle n’est pas dans un espace public (elle n’est d’ailleurs nulle part et n’est sur ce blog qu’une trace de ce qui aurait pu être). La référence à Dieudonné est complètement déplacée mais puisque vous me donnez l’occasion de m’exprimer sur ce sujet, sachez que bien que ses discours puissent me donner la nausée, il me semble contre-productif de les censurer. Une partie de son succès est né de la censure. Diane Ducruet préfère certainement rencontrer un succès lié à la qualité de sa production intellectuelle et artistique et non à la censure.

    2. Personne ne vous a demandé de regarder, d’autant que le regard n’est pas une de vos facultés les plus développées, ni l’orthographe. Alors quoi donc ? L’amertume ? La réponse ne m’intéresse pas vraiment….

    3. Mon petit Nicolas, que représente l’artiste pour vous? merci de nous en faire part, j’imagine que tant de fougue témoigne d’une maîtrise absolue et certaine de la question,
      Cordialement,

  5. je trouve cette image magnifique, et suis atterrée par la polémique qu’elle suscite en regard avec la multitude d’images sexuelles dont nous sommes abreuvés qui traversent sans encombre la censure. Merci Diane pour cette œuvre photographique pleine d’amour et de tendresse. Quand aux demandes d’explications sur cette création… N’est-ce pas une des vocations de l’art de porter à la réflexion individuelle ?

  6. Comme vous, je suis atterrée par cette décision. Nul n’est obligé de regarder ni même de voir cette image (par ailleurs superbe), par contre nous subissons toutes et tous les images sexuelles, violentes transmisent par la télévision et autres support publicitaires et là, personne ne s’opposent.

  7. Il faut absolument trouver une solution pour que cette photo participe à la fête parisienne. Un accrochage sauvage devant la MEP pourquoi pas? Avec débats et rencontres? Soutien total à Marie Docher pour son initiative et Diane Ducruet pour sa très belle installation photographique.

  8. Ce qui est étrange c’est le regard porté sur l’oeuvre et non l’oeuvre elle-même. J’ai découvert ce travail avant la polémique et je l’ai aimé sans jamais penser à tous les mots trop vite prononcés depuis et qui traduisent avant tout des peurs qui n’ont pas lieu d’être ici. Je trouve toujours dommage qu’on entende systématiquement ceux qui parlent – crient – le plus fort, ceux qui rabaissent et mordent. Laissons s’il vous plaît de la place pour ceux qui donnent à rêver, à réfléchir, à s’interroger, ceux qui bousculent l’ordre établi. Attention aux esprits étroits, vous allez faire rétrécir l’art, il n’en restera rien.

  9. ne pas confondre l’intime et l’abject. La caste politico-médiactico,pseudo-artistico a atteint le fond. Elle entreprend maintenant de creuser et rêve encore ( sans trop y croire) de nous imposer ses fantasmes transgressifs à deux balles.
    La transgression ( des codes, du nécessaire respect des autres, et de tout le reste ), c’est usé jusqu’à la corde. Il est plus que temps de retrouver un peu de tenue ; l’Occident n’est pas une poubelle.

      1. En quoi y aurait-il confusion entre intime et abject et qu’est-ce qu’il l’autorise à cataloguer cette œuvre d’abject?
        En quoi s’agirait-il d’une « caste « qui organiserait ce « complot »?
        L’insulte c’est ce post! Le mépris c’est le post d’un type qui nous parle de transgression là où il n’ y a pas de quoi fouetter un chat ni un cul béni.
        Ce post est un profond manque de respect pour l’artiste et son oeuvre.
        Et question poubelle ce type touche sa canette!
        Gustave Courbet doit encore en soupirer!

  10. « censure vulgaire et répugnante » , a écrit le Monde.
    A tous les « créateurs » qui comme cette photographe, cherchent à « tout » se permettre, , ainsi qu’aux commentateurs du blog, à l’instar du journal de révérence du soir, cela fonde un prétexte pour crier à la censure Et d’oublier que la parole dominante en matière économique, écologique et psy est respectivement inféodé : -au néo libéralisme, -à la mise en doute de ce que dit le Giec et au laisser-faire, -et à la destruction des contructions symboliques des sociétés via des photos comme celles-ci qui n’ont pas sur le plan de la facture photographique un intérêt quelconque.
    Attitudes ethnocentrés stupides de bobo parisiens qui se masturbent… à qui je ne défends pas « d’aimer » cela… il y a bien des tas de gens qui lisent des romans de hall de gare.
    Quand on n’a pas d’imagination, il suffit de « choisir un sujet ».
    n’est pas Basquiat qui veut….

    1. La vision du tableau de GOYA, Saturne dévorant un de ses fils « ne perturbe » plus personne !
      Alors pourquoi cet assemblage de photo qui est pour moi la transposition au féminin de cette oeuvre… le sang, la violence et la barbarie en moins, vous déstabilise autant ?

    2. Cette photo est seulement magnifique qu’à cela ne vous en déplaise chacun son opinion nous sommes encore en démocratie il me semble !Je suis maman et je n’ai rien ressenti de malsain dans cette photo : juste une mère qui dévore son enfant d’amour! Vous parlez de la destruction des constructions symboliques de nos sociétés mais dois-je vous rappelez que sans nos mères et l’amour qu’elles nous ont porté, cher internaute, nous ne serions pas là ce soir pour débattre sur cette oeuvre ?! l’image de la mère n’est-elle pas un symbole fort dans toutes les sociétés du monde entier ! Faut arrêter de tout mélanger ! L’amour d’une mère n’est en rien un acte pédophile ou scandaleux ! Pour ma part, la censure devrait plutôt s’appliquer à la publicité ou bien à ses émissions de télé-réalité « à la con » qui lobotomise le cerveau de nos concitoyens et qui les maintiennent dans une logique de surconsommation qui elle détruit petit à petit les constructions symboliques de nos sociétés !!! A bon entendeur salut !

  11. L’image proposée n’a rien de vulgaire ni de répugnant. Elle revendique seulement son plein droit d’être. Ce sont bien nos codes de représentation qui sont totalement pervertis et aliénés. Si l’image peut paraître « crue » à certains, elle n’est certainement pas cruelle. Elle « est » et demande d’exister.
    Le lien ou le rapport presque « tribal » (ou organique) que l’on y lit choque par sa sincérité, ou bien, mieux encore, par sa « vérité ». Son dévoilement a visiblement été totalement incompris dans une intolérance démesurée, qui n’a d’écho que la société occidentale chimérique dans son ensemble.

  12. DÉCLIC ! Je suis interpellée par les commentaires négatifs que je viens de lire à l’encontre d’une photographie, ou du photographe. Qui a t-il de plus dérangeant pour ces gardiens de la morale ? Le sujet photographié – alors je vous en prie éteignez votre téléviseur, ne levez pas vos yeux sur certains panneaux publicitaires, sans quoi vous risquez une overdose pornographique – ou le statut d’œuvre d’art donné à cette photographie ?
    Ne faisons pas un faux débat de ce qui n’a pas lieu d’être, des photos – œuvres d’art – bien plus « dérangeantes » sont régulièrement exposées sans qu’une telle polémique existe.
    Pourquoi ? Parceque certains individus prennent le risque de les montrer dans leurs galeries ce que n’a pas eu le courage de faire Catherine Houard ou l’organisateur du mois de la photo.
    J’encouragerais le boycottage de la dite expo, mais ce serait nier le travail d’autres photographes.

  13. Je suis atterré par cette morale non pas d’État ou Institutionnelle, mais Civile. Quand quelques Savonaroles contemporains, incultes, dictent leur vision du monde, décident ce qu’est ou n’est pas l’Art.
    Et les commerçants de céder.
    En tout cas, j’apprécie le travail de Diane Ducruet. C’est un travail sensible, questionnant et fort visuellement. C’est finalement peut-être cette submersion sensuelle qui dérange certains au point qu’ils n’envisagent que l’Index comme solution.

  14. A A+, parce que “Saturne dévorant ses fils“ est un mythe. Ce qui dérange ici c’est qu’on est dans une réalité. L’artiste ne peut pas ignorer qu’à travers tout oeuvre il véhicule un message, une émotion, et que l’interprétation qu’en a le spectateur n’est pas forcement celle qu’il aura voulu transmettre. Alors oui, en me mettant à la place de l’artiste, j’imagine choquant de voir mon travail “décroché“ car incompris, de subir le fait qu’il soit affublé d’une image qui n’est pas sienne. En revanche en tant que spectateur, avant même d’avoir lu quelque commentaire que ce soit, à la première vision de cette photo, c’est un sentiment de dégoût qui m’a envahi, le mot est fort, mais le ressenti est réel. Chacun interprète forcement avec un regard qui lui est subjectif, c’est la règle du jeu à laquelle s’expose l’artiste, à partir du moment où son art rentre en connexion avec le public. La question est, est-ce que le fait que ce soit de l’art rend tout dicible? Est-ce que l’on devrait tout apprécier sans jamais être dérangé juste sous prétexte que c’est de “l’art“? Etre ouvert c’est sans doute ne pas imposer une censure, mais c’est aussi être capable d’entendre, sans jugement que quelque chose puisse mettre mal à l’aise, puisse heurter le regard de l’autre, ça ne fait pas des gens des extrémistes, pour ceux qui considèrent comme lu plus haut que la France est prête pour Marine, ça fait juste d’eux ce que nous sommes tous, des êtres humains. Et même en ayant connaissance de l’idée que voulait véhiculer la photographe, il m’est impossible de dépasser mon ressenti.

    1. Mais, Lessandra, justement c’est ce qui fait une oeuvre dans son entier le fait qu’elle provoque, dans le sens de créer un sentiment.. Qui peut dire ici que l’artiste souhaitait enlever toute implication à l’oeuvre, dans le regard porté, pour ne « montrer » que le brut du matériau ? Qui, ici, peut se donner le droit d’enlever, de soustraire une oeuvre au regard de toute personne ? C’est en la laissant vivre que ladite oeuvre suscitera le dialogue. Car le manque d’échange, de critique, autorise tous les abus. La preuve est là, le dialogue se fait ici-même, alors que certains voulaient le tuer.

    2. Que l’interpréattion de l’oeuvre dépasse la volonté de l’artiste, c’est souhaitable. Une oeuvre qui resterait en deça ne pourrait pas prétendre à l’universalité. Si votre goût ou votre dégoût dicte votre acceptation de l’art, alors contentez-vous des calendriers de la poste ou des présentoirs à cartes-postales (bien que même là il y existe des choses nauséeuses, mais semble-t-il, elles n’entrainent pas d’autodafés). Enfin, on peut débattre, mais la condamnation morale est le degré zéro, voire une forme de point Godwin du débat esthétique.

  15. Les censeurs sont des imbéciles. Je ne connaissais pas, pour ma part, l’œuvre de Diane Ducruet. Eh bien maintenant c’est fait, et ce que j’en ai aperçu sur son site m’a particulièrement touché. Ces photos interpellent, bien sûr, mais je les trouve d’une extraordinaire pudeur et d’une grande retenue. D’une douceur extrême, également, ainsi que d’une profonde sensibilité. Un regard humain porté sur notre humanité, en ce qu’elle a d’universelle.
    Et tant pis pour les imbéciles.

  16. Je suis tombé sur l’info un peu tardivement. Vos photos arrivent à transcender le sentiment même de l’Amour. Je suis fan de la maman qui croque le museau de sa fille et l’autre, plus travaillée niveau montage/coupage est superbe, sensuelle. Forcément tout ceci dérange toujours une personne qui juge SUBJECTIVEMENT. Chacun à son histoire, sa vie, ses souffrances mais vivre c’est accepter ces choses et donc ne pas se sentir viser par chaque mot, image … surtout dans le monde de l’art. La censure n’a jamais été aussi présente explicitement ou implicitement depuis que via les réseaux sociaux ou autre déballage poussant à starifier le lambda, les gens se veulent juge et arbitre … et pensent que tous leurs mots/maux méritent d’être entendus individuellement. Dommage pour l’avenir!

  17. C’est amusant comme les ressentis diffèrent et c’est bien là le propre d’une œuvre artistique. Oui, c’est de l’art puisque c’est symbolique et signifiant, que ça questionne, dérange, irrite… Oui, le quadryptique est d’une redoutable efficacité graphique et le travail de re-création de l’artiste, son découpage de l’image, son « recadrage », rendent absolument méconnaissables ces deux corps emmêlés: elles sont nues sans être indécentes. Oui, ma subjectivité interprète ces cinq photos (inclus celle du flyer) comme une illustration plutôt ressemblante des relations mère-filles malsaines où la confiance de l’une n’a d’égale que la voracité fusionnelle de l’autre, avec une jolie référence à Goya et au mythe de Cronos… libre à d’autres d’être « fan » et de voir dans ces mêmes images la transcendance du « sentiment même de l’Amour » (sic). C’est aussi le propre de l’art de permettre des interprétations divergentes. Et ce même travail de recadrage par l’artiste permet de poser clairement l’image comme œuvre et non comme illustration des rapports personnels et privés entre cette mère qu’est l’artiste et son enfant… Quoique… la photo du flyer où la mère « avale » sa fille pourrait aussi être interprétée comme la mise en abîme de l’exploitation de l’image d’un enfant par un adulte en qui il a confiance et qui abuse de cette confiance pour transformer l’image de l’enfant et en tirer profit (une forme de digestion artistique, donc). Toutefois, il me reste une question, complètement hors-sujet puisque je ne viens pas interroger Mme Ducruet sur son statut d’artiste mais sur celui de mère (je la prie de m’excuser quand je sacrifie son œuvre éminemment artistique sur l’autel d’un autre débat: elle est loin d’être la première à avoir tenté de fusionner – à ses risques et périls – les rôles de mère ET d’artiste). Il est du devoir des parents de veiller à la protection de leurs enfants et notamment de leur image et de leur vie privée. Si les parents eux-mêmes, en tant qu’artistes, en vienne à exploiter l’image de leurs enfants (même sans indécences, même sans risques que les enfants puissent être identifiés), ne peut-on pas remettre en question leur travail, non pas au titre d’une quelconque censure artistique mais simplement au vu de l’évident conflit d’intérêt entre les responsabilités inhérentes à leur rôle de parent et leur travail en tant qu’artiste? Et si mon hors-sujet fait sourciller parce qu’il n’est pas de bon ton de venir critiquer les artistes sur leur vie de famille, qui devrait relever de la sphère privée, il me semble que l’artiste elle-même a choisi de gommer les frontières entre sa vie d’artiste et sa vie de famille. Quant à moi, rien ne me dérange plus qu’un art qui ne dérange plus. J’en arrive donc à cette conclusion inéluctable: oui c’est de l’art et le retrait de cette œuvre relève donc effectivement de la censure. Remettez donc cette œuvre d’art en place afin de reconnaître à l’artiste son droit à s’exprimer… ensuite, envoyez les services sociaux chez la mère afin de reconnaître à l’enfant son droit à être protéger.

    1. Bonjour Ems Riddle,
      c’est ce qui s’appelle une réponse de Normand.
      Je vous encourage à m’envoyer cet eMail via mon site http://www.dianeducruet.com. et à me transmettre vos coordonnées, nom et prénom: je ne manquerai pas de les transmettre à mon avocat. Vos menaces sont claires « envoyez les services sociaux chez la mère afin de reconnaître à l’enfant son droit à être protéger. L’artiste ne peut pas tout se permettre, son public non plus. Je vous invite à aller au bout de votre engagement philosophique, à arracher vos fesses de votre canapé et de donner corps à cette accusation: la liberté d’opinion a également sa juridiction via les sites et réseaux sociaux. J’attend vos coordonnées avec impatience. Dans l’attente de votre réponse,
      Cordialement,
      Diane Ducruet.

  18. Après lecture : “envoyez les services sociaux chez la mère afin de reconnaître à l’enfant son droit à être protéger…  »
    Je suis atterrée, triste et en colère ! Je suis femme, mère et photographe et sensible au magnifique travail de Diane Ducruet ! Stop à la bêtise !!!!

  19. Ems Riddle, si vous appelez les services sociaux, demandez leur de passer d’abord chez vous pour vous aider à corriger vos fautes d’orthographe…

  20. Bonsoir Mme Ducruet,

    Je suis désolée que vous ayez pris ma conclusion pour une menace et qu’on ait pu lire dans mon message une attaque personnelle. Ce n’était pas mon intention. Je m’excuse également auprès de vous et de toute autre personne qui lirait ceci pour la longueur affligeante de mon deuxième ‘opus’. Rassurez-vous : ce sera le dernier. Mon message n’est pas passé et j’ai dû beaucoup réfléchir pour tenter ici de mieux m’expliquer. Il me semble que mon premier message contient non des menaces mais l’expression d’un questionnement : y a-t’il ou non conflit d’intérêt quand un parent artiste exploite l’image de ses enfants mineurs ? A l’heure actuelle, mon sentiment personnel est que oui, il y a conflit et j’ai donc poursuivi cette hypothèse jusqu’à sa conclusion, en poussant la logique de mon argument jusqu’aux limites de l’absurde, en termes il est vrai provocateurs. J’espérais effectivement provoquer des réactions, mais dans le but d’obtenir des réponses et non de créer une polémique gratuite. De toute évidence, je m’y suis mal prise et je vous prie de m’en excuser.

    Mais il s’agissait néanmoins d’une question et elle me paraît légitime. Si je n’avais pas sincèrement espéré y trouver des réponses, je ne l’aurais pas exprimée en ligne, ou alors, si je prenais plaisir à attaquer les gens sous le couvert de l’anonymat, j’aurais pu trouver un site plus adapté, moins éclairé, plein de « trolls » pour vous attaquer et dire que j’avais « raison » (alors que les seules choses dont je suis certaine à ce sujet, c’est que votre quadryptique relève clairement d’une démarche artistique, qu’il est d’une beauté visuelle époustouflante et qu’il n’a aucun caractère pornographique ou pédophile). Je ne suis pas venue m’exprimer ici pour qu’on me donne raison mais pour qu’on me propose d’autres perspectives afin d’appréhender cette œuvre différemment. Me parler d’avocats ne m’avance pas beaucoup (de fautes d’orthographe non plus, M. Dollo. Je vous prie de m’excuser: le français n’est pas ma langue maternelle et je suis un peu fatiguée).

    Le site de Mme Docher me paraît très civilisé et les intervenants précédents ont dans l’ensemble apporté des éclairages utiles et intéressants à certaines des questions posées par votre œuvre. Il me paraît aussi que ce site accueille des personnes qui aiment l’art et qui vous apportaient leur soutien. Je remercie donc Mme Docher de m’avoir laissé la parole, d’autant plus que cette parole portait apparemment à confusion. Si ce n’était pas le bon endroit, encore une fois, excusez-moi. Je me suis dit que c’était un lieu approprié pour obtenir des pistes de réflexion afin que je puisse réconcilier l’attirance que j’éprouve pour votre quadryptique et le malaise provoqué par le sentiment d’être complice de quelque chose… De quoi ? D’un abus de confiance ? D’un abus de pouvoir ? De voyeurisme ? J’ai beau chercher, je n’en sais rien. Peut-être de rien du tout… Mais j’éprouvais malgré tout ce malaise, d’où ma question.

    Que l’artiste place son public dans la position de voyeur, c’est courant, et parfaitement approprié pour une exposition sur le thème de l’intime. Mais, quand Tracey Emin expose son lit et pose le public en voyeur, elle n’implique que son intimité propre. Vous dites que les artistes ne peuvent pas tout se permettre. Une fois créé, une œuvre me paraît extraite du temps et de l’espace, l’œuvre ‘est’, l’art est gratuit et je crois que l’art peut donc pratiquement tout se permettre, à condition de respecter sa propre intégrité. Une œuvre peut choquer (c’est parfois son but) dans certains contextes mais cette émotion est le fait (et le problème) du public, non de l’œuvre. Votre œuvre n’a donc rien à se reprocher, tout au contraire. Ce qui est sûr par contre, c’est que l’artiste, lui, ne s’inscrit pas hors du temps et de l’espace et que ses choix sont donc peut-être permis sur le plan de l’art mais parfois condamnable à d’autres niveaux. Je ne dis pas que c’est votre cas mais je pose la question. Il est certain qu’on ne peut pas tout se permette en tant que parent.

    Ma question est peut-être idiote (ça aussi c’est un point de vue) mais je n’y ai pas trouvé seule de réponse satisfaisante : quand des artistes comme Tierney Gearon or Sally Mann exposent leurs propres enfants, qu’en est-il de ces enfants ? Et encore, je trouve votre démarche plus approfondie, plus esthétique, et plus interpellante ; elle me paraît même plus intègre puisque vos corps mélangés sont entièrement méconnaissables, non plus objets mais supports de votre œuvre. Ma question, c’est comment doit-on réagir face à des œuvres qui sont très clairement œuvres d’art mais qui posent d’autres questions sur le plan social ou moral. De votre droit d’artiste à vous exprimer sans censure, je faisais donc un lien vers le droit de votre enfant à, peut-être, ne pas voir ses photos, sa vie privée, son intimité exposée aux yeux de tous. C’était peut-être un raccourci de mauvais goût mais ce que j’espérais, ce sont des pistes pour pouvoir envisager votre œuvre sur un jour différent : en d’autres termes, autant j’aime l’art qui dérange, autant pour une fois, j’aimerais des pistes pour être un peu moins dérangée.

    Obtenir ces pistes de réflexion de la bouche même de l’artiste serait encore mieux mais il faudrait que vous puissiez me répondre en termes généraux. Même si votre œuvre m’a particulièrement interpellée, ma question, elle, visait toutes les œuvres qui impliquent un défaut de consentement dans le chef de ses modèles. Je me pose le même genre de questions quand des enfants sont jetés en pâture aux médias pour le bénéfice de télé-crochets et autres fadaises… mais là, ce n’est plus de l’art et je zappe, je refuse d’y participer, même en tant que spectateur-voyeur. Je me vois mal vous demander des détails sur le processus qui vous a amené, vous personnellement, en tant que mère, à décider qu’il était approprié pour votre fille d’être ainsi exposée… ce serait beaucoup trop indiscret …et on retourne au paradoxe : en vous transformant en modèles, vous exposez votre intimité, en choisissant d’exposer vos rapports mère-fille, vous nous invitez dans votre relation. Mais on ne peut comprendre le processus qui vous a permis de décider que vous ne compromettiez pas l’intégrité de votre enfant par cet acte sans vous poser des questions impossibles parce que bien trop personnelles. Et je me retrouve à nouveau face à mon malaise et à ma question…

    Encore une fois, je vous prie de m’excuser si j’ai exprimé mon désarroi en termes si virulents. A votre réaction, j’ai presque l’impression que je ne devais pas l’exprimer du tout. C’est vrai, peut-être que si je pouvais plus souvent « arracher mes fesses » de mon canapé (vous êtes perspicace mais nous n’y sommes pas tous par choix, moi j’aimerai beaucoup ne pas y être si souvent condamnée par la maladie), je n’aurais pas eu le temps de me poser toutes ces questions, ou en tout cas de demander à d’autres de m’aider à y trouver des réponses. Si j’avais encore la possibilité de sortir de chez moi facilement, j’aurais probablement préféré posé ma question de vive voix, à d’autres amateurs d’art, lors d’une exposition. Si je peux toutefois me permettre de vous suggérer une autre perspective, peut-être que si je n’avais pas été aussi touchée par votre quadryptique, j’aurais tout simplement passé mon chemin, sans me poser de questions.

    Enfin, pour que vous ne croyiez pas que j’élude votre demande : je n’ai pas la moindre envie de vous donner mon adresse ou mon nom. Je n’ai pas choisi ce pseudo afin de vous envoyer des commentaires acerbes et anonymes ou de vous menacer comme vous semblez le croire. J’ai choisi un pseudo lorsqu’il s’est avéré qu’il me deviendrait difficile « d’arracher mes fesses » du canapé et que, privée d’expositions, de contacts, etc… j’ai exploré les réseaux sociaux pour la première fois. Ma réaction immédiate et épidermique a été un besoin de pouvoir contrôler qui a accès à mon image ou à ma vie privée. C’est peut-être de ce besoin maladif de rester ‘privée’ que découle mon malaise, d’ailleurs. Je sais que je vivrais difficilement le fait que ma mère ait choisi de dévoiler mon intimité à un public quel qu’il soit. Mais mon histoire n’est pas la votre, ni celle de votre fille. Vous n’êtes pas ma mère et il est possible aussi que si j’avais vécu dans votre famille plutôt que dans la mienne, je n’aurais pas le même souci.

    Je ne brouille pas les pistes, je n’ai pas plusieurs pseudos et je ne m’en suis jamais servi pour faire sciemment du mal à qui que ce soit. Et comme, malgré ce que vous y avez compris, il n’y a pas de menace, de diffamation, voire d’incitation à la violence ou à la discrimination dans mon premier message, il me semble que je ne vous dois rien, ou en tout cas, pas le droit de me forcer à dévoiler mon identité. A la limite, je vous dois encore d’autres excuses, mais rien de plus, pour la maladresse de mon commentaire si on peut effectivement y lire que je veux vous envoyer les services sociaux. Moi, j’ai beau me relire, j’y vois une hypothèse portée certes jusqu’à sa conclusion mais qui reste une hypothèse. J’ai dû faire trop de raccourcis en l’écrivant. Mon hypothèse ne pourrait devenir une proposition valable que sI vous pensez avoir fait passer les intérêts de votre enfant après ceux de votre oeuvre, et c’est un point dont vous seule pouvez juger, certainement pas moi. Ça me paraissait évident.

    J’espère que mon second essai clarifiera l’aspect générique de ma question et sa sincérité et que vous voudrez bien entendre que le message que vous avez pris pour une menace n’est que la conséquence logique d’une des réponses qu’on peut donner à ma question. SI c’est de l’art mais que l’artiste ne peut pas démontrer qu’il a pris sa décision de parent responsable indépendamment de son intérêt d’artiste, que fait-on et comment s’assure-t-on que l’enfant est lui aussi protégé, au même titre que la liberté d’expression de l’artiste? Je le répète une dernière fois, il existe probablement d’autres grilles de lecture possibles et celle-ci ne me satisfait pas particulièrement puisqu’elle m’empêche d’apprécier votre œuvre aussi pleinement que je le voudrais.

    J’aimerai vraiment qu’on m’aide à trouver une autre réponse à ma question parce que votre quadryptique, décidément, je n’arrive plus à me le sortir de la tête… (si j’avais une réponse qui me permette de me réconcilier avec mon malaise et assez d’argent que pour me munir moi aussi d’un avocat, je crois que je préfèrerais me servir de cet argent pour vous l’acheter, ce quadryptique). J’espère que vous pourrez m’aider à trouver cette réponse. Sinon, tant pis. Si vous revenez me parler d’avocat et que je ne réponds plus, ce n’est pas par lâcheté mais parce que je jette l’éponge : pour moi, ça voudra dire que, de toute évidence, ma question s’est perdue en route, lost in translation…

    Quoiqu’il en soit, je présume qu’à un moment ou à un autre, vous avez dû vous poser la même question et y trouver une réponse qui vous satisfait. Que vous vouliez ou puissiez partager cette réponse ou pas n’enlève rien à la légitimité de votre choix. Le fait que j’ai des questions sans réponses non plus. Mais je perds le fil et je me répète (ce doit être la morphine) et ça m’a pris toute la journée pour écrire ce pavé qui n’arrangera peut-être rien à votre colère et qui, je le crains, n’incitera probablement personne à m’amener les éléments de réponse que j’espérais. Je vous présente donc une dernière fois mes excuses, je ne vous ennuierai plus et je vous souhaite bonne continuation. C’est ça aussi le paradoxe, votre travail soulève en moi plein de questions mais je le trouve magnifique,

    1. Une oeuvre vit pour elle-même, et une fois ceci fait, elle s’éloigne de ses constituants pour arriver sur d’autres territoires. Il ne sert à rien de l’arrimer aux origines de sa création (l’entravée) et de la questionner (se questionner) constamment sur celles-ci. Ce qui a fait l’oeuvre appartient à l’artiste (démarche secrète, et donc intime, qu’il faut respecter). Une oeuvre apporte en soi des éléments exogènes multiples qui invitent à lui conférer une existence autonome.

  21. Ems Riddle, merci pour vos excuses,

    « ceci n’est pas une pipe, mais le dessin d’une pipe », »ceci n’est pas une pipe mais une phrase disant que c’est une pipe », « La phrase « ceci n’est pas une pipe » »n’est pas une pipe »; dans la phrase « ceci n’est pas une pipe » ceci, n’est pas une pipe: ce tableau, cette phrase écrite, ce dessin d’une pipe, tout ceci n’est pas une pipe » de Foucault à Magritte.

    Vous répéterez 100 fois: la même phrase en remplaçant pipe par « une mère et sa fille », dessin, par « un quadriptyques photographique », puis phrase par « titre », etc….

    Diane Ducruet.

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